Depuis 1997, Danièle Boisot guide la lumière dans ses cours de vitrail et tiffany au Palais de la Culture. Elle possède un savoir-faire ancestral inventé au Moyen Âge qui continue de fasciner le public et le partage depuis avec ses élèves.
L’art a toujours fait partie de la vie de Danièle Boisot, professeur de vitrail et tiffany au Palais de la Culture. Elle a suivi des études en Histoire de l’art et rejoint les Beaux-Arts pour ensuite se consacrer à sa passion, le vitrail. Puteaux est une des rares villes à proposer un atelier aussi complet, dans lequel tout le matériel nécessaire est fourni, par un professeur qui est avant tout une artiste. Le verre devient alors le vaisseau de la lumière qui nous éclaire de sa beauté. Rencontre avec une passeuse de lumière.
Comment est apparu le vitrail dans votre vie ?
Danièle Boisot : Aux Beaux-Arts, j’étais spécialisée en photographie et peinture. À cette époque, je travaillais sur l’imagerie médicale. L’ambition était de présenter de manière artistique une autre vision du corps. Lors d’un cours de l’histoire de l’art, j’ai découvert que le verre possédait cette ambivalence d’être transparent et occultant en même temps. J’ai compris que l’art du vitrail pouvait transformer la réalité. Autre grande découverte artistique dont j’ai fait l’expérience, la tridimension du verre, ou quand la lumière devient une des matières de l’art du vitrail. La couleur représente le passage de la lumière, son existence. Grâce à l’art du vitrail, chacun peut pénétrer l’œuvre. La lumière qui traverse le verre offre une sensation de magie incomparable. Les églises et cathédrales ont d’ailleurs bien compris comment exploiter cette forme d’expression à travers son côté mystique.
Quelle est la raison qui vous a poussé à enseigner cet art ?
DB : Au-delà de la passion qui m’anime, j’ai constaté les difficultés rencontrées dans cet art, ne serait-ce que pour suivre des cours. Les stages sont excessivement chers et assez fermés. J’ai eu la chance de rentrer chez un maître verrier grâce à une connaissance. Sans ce relationnel, je n’aurais jamais pu accéder à des cours. Bien que ce milieu soit fermé, j’ai senti la curiosité des gens. J’ai alors pensé que ce n’était pas normal d’avoir tant d’obstacles pour suivre un art… En 1997, lors de la construction du nouveau Palais de la Culture, j’ai proposé cet atelier à la Ville qui a été très enthousiaste. Au départ, je n’enseignais que le vitrail au plomb, mais très vite je me suis formée à la technique du tiffany sur demande de mes élèves afin de réaliser de la décoration et donc de travailler sur des objets : des lampes, des boîtes… Tout ce que l’on veut !
Toutes les villes proposent-elles ce genre d’atelier ?
DB : Non, pas du tout. Quand j’ai proposé cet atelier, j’avais réalisé une étude dans tous le 92, dans les différents centres culturels et aucun atelier de vitrail ni de tiffany n’était proposé. Le verre est une matière précieuse et onéreuse. Puteaux offre une immense opportunité à ses administrés. Cet atelier permet de démocratiser cet art. On réalise qu’avec peu de moyen, on peut créer des objets magiques !
Comment se passent vos cours ?
DB : Tous les niveaux sont acceptés. J’aime que les confirmés échangent avec les débutants. Ces derniers visualisent concrètement toutes les possibilités qu’offre le vitrail. L’idée est que chacun puisse réaliser son rêve. C’est ce qui me motive. Mais d’abord il faut apprendre la technique ! Pour s’en libérer, il faut la maîtriser. Après, il n’y aucune limite. D’autant que la Ville fournit tout le matériel ainsi que le verre, sauf le coupe-verre car c’est un objet personnel au même titre qu’un stylo à plume. Il se fait à la main de son propriétaire.
Selon vous, pourquoi le vitrail souffre-t-il de cette image si élitiste ?
DB : Au Moyen Âge, les verriers signaient des clauses de confidentialité afin de protéger les recettes que leur commandaient les seigneurs. Les maîtres verriers étaient des nomades qui s’installaient près des chantiers. Quand ils partaient, ils ne devaient en aucun cas révéler leur secret sous peine de perdre la vie ! Depuis ce culte du secret est resté ancré dans la culture de cet art.
Que diriez-vous aux personnes qui sont intéressées mais n’osent pas franchir le pas ?
DB : Ce n’est pas plus compliqué qu’une autre technique d’expression plastique ! Il suffit d’avoir un peu d’entraînement. La plupart des gens ont peur de la matière, que le verre casse facilement… Certains ont peur de se couper mais tout ça, ce sont des clichés. Déjà, on aimerait bien que le verre se casse plus rapidement ! Et personne ne se coupe dans mes cours (rires) ! Plus sérieusement, cet atelier est ouvert à tout le monde ! Vous n’avez pas besoin de savoir dessiner ou de découper du verre. Venez jouer avec la lumière !